mardi 15 mars 2011

La Petite Lili, Claude Miller (2003)



Avec « La Petite Lili » Claude Miller réalise son « Huit et Demi ». Le film se présente comme une mise en abyme vertigineuse évoquant la nature, le rôle et la création redondante mais hétéroclite du Cinéma. Le réalisateur filme des acteurs qui sont eux-mêmes en train de filmer et parvient ainsi à accroître la dimension réaliste et identitaire des personnages.


Doté d’une construction quasi-parfaite, « La Petite Lili » nous offre un scénario laissant apparaitre une fine observation de la Vie, dans les choix qu’elle nous oblige à faire, reléguant le Destin aux antipodes de la Réalité.


Rechercher le bonheur dans une vie simple et fonder une famille afin de redresser le chemin tortueux et obscur que réserve l’avenir ? Tourner tout en dérision en établissant une distance ficitve mais mentalement existante pour faire barrage à la gravité ? Développer son talent ou son expérience dans une Oeuvre d’Art même si elle n’a aucun lien avec nos sentiments profonds ? Se nourrir de son vécu et de ses blessures pour créer un film et établir un éxutoire à son mal-être ? Autant de questions que Miller illustre par le biais de ses personnages qui ne sont rien d’autres que des modes de vie finalement.


Si le film s’appelle « La Petite Lili », le personnage de julien n’en est pas moins important. Emilie, surnommée « Lili », est le symbole de la pureté au début du film, possède des convictions et affiche une sensibilité accrue, se laisse guider par ses émotions et ses ressentis. L’accession au succès va dénaturer sa personne foncière pour laisser apparaitre un objet charnel que l’on contemple mais que l’on ne ressent plus à travers notre regard de spectateur. Cette décadence va croiser le stoïcisme de Julien qui possède des convictions inébranlables et qui se retrouve perdu et blessé par l’évolution de son entourage. De ces blessures va naître un film, l’histoire de sa vie, joué par des personnes dans leurs propres rôles.


« La Petite Lili » n’est pas comparable à « Huit et Demi » . Là où Fellini observe un réalisateur en manque d’inspiration, Miller filme un futur réalisateur qui la trouve et ponctue sa fiction de plongées volontaires dans le pathos pour accroitre les conflits relationnels au sein de la famille, comme pour annoncer le plan du film de Julien, scène finale du film de Miller.