dimanche 30 août 2009

la Flemme

L’alchimie de l’introversion


Depuis toujours et pour toujours, chez certaines personnes, le cerveau et le corps décident de faire bande à part et méditent en cachette afin de se faire des confidences sur le monde qui les environne. Tout moyen d’expression est alors une protection, un leurre voire un néant visant à évacuer un surplus d’informations enfermé dans une spirale jetable. Trop de détails présents et à venir entraînent une déstabilisation et un repli sur soi; plutôt qu’assimiler, digérer et répondre, on encaisse et tente en vain de gérer.

Pourtant lorsque l’on se retrouve seul ou en petit comité, aucun gêne, on arrive presque à être soi-même. La crainte de l’inconnu, le désir de s’adapter et la peur de la défaillance qui rejaillirait sur notre personne toute entière seraient donc à l’origine de tous ces maux. Où se trouve le seuil nous donnant droit à l’erreur tout en gardant un certain bien-être ? Est-ce en fonction du temps, de l’intensité des rencontres, du taux d’alcool que l’on a dans le sang ? Ou serait-ce simplement un problème de confiance en soi, d’estime de soi-même ou d’intérêt pour le superflu ?

Faire face à ses inhibitions par la provocation afin de percer le mystère d’autrui, évacuer les ondes agressives d’êtres humains sur lesquels on appose encore un point d’interrogation tout en essayant de se déceler une valeur dont on arrive à peine à dresser l’esquisse dans son for intérieur, telles sont les éternelles masturbations corporelles qui agitent l’introverti. Ce dernier a besoin d’espace, d’un cadre dans lequel il possède une échappatoire à toute situation déstabilisante. Il n’aime pas se retrouver enfermé dans un cercle psychologique et éprouve le besoin intime d’observer une voie de secours qui ne le fera jamais évoluer mais qui le réconfortera, du moins en aura-t-il le sentiment.

Désormais toute existence ne se réduit qu’à un bien-être fictif, celui qu’il aura acquis par la gestion et non par la présence et la stature. Introversion et paranoïa se lâchent rarement la main et concourent ensemble afin d’annihiler toute forme d’action ou de libération de l’individu sur lequel elles exercent Autorité.

Ce Grand Renfermement découle peut-être d’un attachement trop fort à l’être humain. L’introverti surestime l’existence misérable de l’Etre Humain, y voit une richesse, une rationalité trop importante, et se focalise sur le moindre détail qui le fait saturer en continu. Dès lors, la moindre cigarette, le simple verre de vin que l’on fait durer quand il n’y a que ça, deviennent des remèdes formidables pour affronter ce mal. Le geste compte beaucoup plus que le but recherché, il camoufle l’introverti pendant la majeure partie de sa confrontation avec Autrui.

En somme l’introversion, la paranoïa et la timidité sont des vices que l’on acquiert à la naissance. Les individus s’en détachent plus ou moins selon leur vécu, leur éducation et leur vision de la vie. Pouvoir se libérer grâce aux barrières que l’on arrive à installer entre sa propre personne et le reste du monde, tel est le combat que l’introverti a perdu depuis longtemps. Gérer les attaques humaines de ses semblables, telle est sa manière de survivre.

mercredi 12 août 2009

Lou rides


Née le long de mon cul, je n’ai fait que m’asseoir sur toi durant de longues années. Parfois je te ventilais, te faisais vomir un bon churros au chocolat et t’essuyais la bouche avec une serviette. Nous étions comme cul et chemise et je te fis un apprentissage bénéfique à notre cohabitation. Puis vint la période adolescente, celle où l’on te conjuguait à l’infinitif afin d’avoir le style skateur. Tu passais ainsi du cul à la bouche sans véritable transition. Parfois l’on te prénommait Lou et tu entrais avec une violence sensible au creux de nos oreilles.

Puis cette période tant redoutée arriva, sans que l’on puisse rien y faire. Comme si je faisais la grimace en permanence, tu es venue figer mes expressions d’antan, marquer à jamais mon cul ride culum vitae. Toutes ces cuites que l’on pensait avoir gérer, digérer et oublier sont venus se loger sur mon front, mes joues, mes bras, mon chibre !!!!!!!!

Désormais c’est l’invasion. Avec 23 de tes potes tu piétines mes loukoums, tu craquelles ma jeunesse pour mieux la décomposer en fragments de moi qui se retrouveront séparés à jamais. La nuit je cauchemarde au taquet, je rêve que mon front se transforme en piste pour moto-cross et cela me donne des migraines à n’en plus finir. Le miroir me renvoie jour après jour une gueule qui ressemble de plus en plus à un puzzle. Ah, c’est bientôt la fin…

mardi 11 août 2009

Renaud (1954-1995)


Tu les embrasses au mois de Janvier car une nouvelle promo commence, mais depuis quelques années tes phrases ont bien changées. Dès que t’as retrouvé ton flingue, les munitions sont tombées, tu as troqué Dominique, muse d’antan, contre Romane, blondasse péroxinée version Arielle Dombasle sans talent. Avec tes camarades bourgeois et les bobos, tu as préféré délaisser la tire à Dédé contre un 4 4 flambant neuf afin de justifier ton bulletin d’écolo et de ressembler à ces cinq cents connards.

Pourtant tu parais plus sensible, baltique n’est plus hilarant mais ce pauvre chien sans maître que l’on empêche de rentrer dans une église. Tes textes corrosifs se sont envolés avec ta voix. Désormais semblable à un déchet nucléaire, elle s’enterre avec tes idées, mais marquera les nouveaux fans de Renaud, tout en dissimulant ta biographie lorsque les clopes arrêteront ta vie. Mais l’amour perdu qui t’a fait revenir sous les projos est en train de te rendre ridicule depuis que tu l’as retrouvé et t’as même fait raté un album entier.

Malgré cela, tu pourrais rouvrir les chambres à gaz, voté Sarko ou encore continuer à chanter que l’on t’aimerait encore. Tu as bercé notre enfance, orienté nos vies et nos opinions, tu es devenu notre pote lorsque que l’on se retrouvait seul dans sa chambre. Tu fais parti de ces artistes qui ont réussi avant les autres à réintroduire le style musette que l’on observait jadis aux ptis bals du samedi soir. Et ce n’est pas ces putains de cheveux blancs que tu caches sournoisement ou cette voix éteinte en même temps que le rebelle qui nous détourneront de toi. On jettera toujours une oreille à tes nouveaux albums si tu as la mauvaise idée d’en produire d’autres. Longue vie au chanteur mort en toi !!

le Couloir

Après une douzaine de litres déviants, David commençait à sentir les effets de cette fameuse cuite à l’eau. Plutôt qu’une ouverture aux autres, il récoltait un renfermement sur lui-même, une visite de son couloir intérieur. Alors que l’alcool remplit le corps de vices, l’eau nettoie tous les orifices et laisse uniquement pénétrer des corps neutres et observateurs au possible.

L’entrée de ce long couloir était annoncée par un panneau intitulé « Zone pudique » et s’engouffrait dans un univers de plus en plus sombre. Mais l’eau ruisselant depuis maintenant une paire d’heures permettait d’éclairer un peu ce passage. Ce long corridor se présentait sous la forme de stands. Le premier réunissait un groupe d’écrivains castrés qui avaient fait vœux de chasteté afin de pouvoir se consacrer pleinement à une réflexion ascétique. Toute absence de désir apporte une certaine lucidité sur les questions existentielles foncières et identitaires. Après un long passage sinueux, David entra en conflit avec ce que son corps avait sélectionné. Toute forme de vice s’arrêtait ici pour ne laisser place qu’à la Pureté (observez la Majuscule). Les vices prenaient donc un chemin différent et allaient se loger à des endroits inconnus et aléatoires.

Emporté par ce flot de pureté, David ne pouvait plus s’arrêter et sentait qu’il n’était pas le bienvenu dans un corps désormais étranger. La pureté serait donc ce corps étrange que l’on observe sans vouloir y adhérer ? Pourquoi s’attacher au Vice de cette façon-là ? Devenu impureté, David, ne maîtrisant plus son destin, fut éjecté à la sortie du couloir sans aucune possibilité de renouveler ce voyage éphémère et énigmatique. De simple particule coincée au creux d’une dent, David était devenu un déchet névrosé, que l’on avait trituré dans un périple mouvementé. Tout ce qu’il y avait de bon en lui ne l’avait pas quitté, il se sentait lavé mais sale, souillé par l’absence de vice. La naïveté qui l’habillait ne lui convenait pas, il manifestait le désir ardent de connaître le sort abstrait du Vice. Dorénavant curieux, puant, délesté des bonnes choses de la vie, David était devenu une merde.

lundi 3 août 2009

Grève de la fin


Il était une fois un peintre qui, par manque de fric, exerçait son Art au moyen de sa merde. Un petit MacDo lui permettait de dresser l’esquisse de son dessein, une 8.6 servait pour le remplissage, quelques verres de vin rouge imposaient la noirceur du portrait, enfin quelques gouttes de pisse venaient mettre un peu de soleil dans son univers pas très gai.

En plus de délivrer un message des plus lucides, ses tableaux étaient en quelque sorte autobiographiques, reflétaient son auteur au plus profond de lui-même et en temps réel. Ses œuvres, il les sentaient, sortaient de lui naturellement et sans réflexion, mis à part des faits qu’à Sion il devait avouer. Sans doute bénéficiait-il d’une liberté absolue dans sa matière à penser ? Peut-être profitait-il à fond de sa manière de s’exprimer du fait d’une gratuité obligée ? Le fait est que son Art était le meilleur jamais créé, éternel et seulement vulnérable à la température.

Ses messages quels étaient-ils ? Dans les débuts, il avait, comme tous les artistes, besoin de manger, et s’était appliqué à produire une saga intitulée « après le Cul le Rot » qui n’avait pas trop bien été accueillie auprès des critiques, jugée trop clichée du fait de son moyen de production. Pendant cette période, il mangea peu et ne produit que peu d’œuvres personnelles. Ce que le public perçut c’est un artiste original, à grande personnalité, à observer de loin mais voué à un avenir prometteur.

Puis vint la période commerciale où il participa à de grands projets, tels que l’illustration des célèbres films « les Dents de la Merde » et « Tout sur ma Merde », où encore le fameux clip des Négresses Vertes « C’est pas la Merde à boire ». Il récolta un bon paquet d’argent qui le poussa à aller perfectionner son Art dans les meilleurs restaurants de sa ville Cagnes-sur-Merde. L’apogée ne se fit bien sûr pas attendre, il changea d’appartement afin de pouvoir stocker sa peinture et opta pour un F12 près d’une station d’épuration.

Mais ses messages quels étaient-ils ?? Ah oui, comment peut-on résumer un tel Art ? Ben nous pourrions dire que son Œuvre traduisait un retour aux sources, une recherche de soi, une échappatoire à une pensée préfabriquée, voir la définition du mot « rebelle » dans le dictionnaire Larousse. La chose que nous pourrions remarquer c’est que ce phénomène fit des émules. Gratuit, abordable, infini, tout le monde se mit à s’exprimait selon cet adage « sentez, ressentez et peignez! ». Les villes de tout le pays se colorèrent de graffitis nauséa bons et un arrêté perfect oral fût mis en place.

Morale de l’histoire : j’en sais rien.