dimanche 15 avril 2012

La Délicatesse, David Foenkinos (2011)



Le premier quart d'heure du film est difficile à passer. Mais les valeureux spectateurs qui attendront Markus, belge suédois rustre qui porte le film avec finesse, découvriront un film pas si mauvais que ça.


L'image que l'on se fait de la délicatesse est souvent celle d'une attention faite avec finesse, que l'on porte avec des pincettes. Or le personnage de Markus est aux antipodes de cette idée reçue. Costaud, chauve, poilu et primaire dans ses propos, le suédois belge incarne l'antithèse de la délicatesse. Et pourtant, le film va petit à petit faire émerger un côté soigné et limpide chez l’énergumène. De ses paroles concises et directes, il émane une délicatesse cachée qui se dévoile peu à peu. Et finalement, cette délicatesse, que l'on croyait travaillée, trouve sa source dans la simplicité et la limpidité.


François Damiens, alias François l'embrouille, dégage une force qu'il ne semble pas contrôler lui-même. Quant à Audrey Tautou, elle est fidèle à elle-même, douce et délicate.

Une bonne surprise.



lundi 9 avril 2012

La fille sur le Pont, Patrice Leconte (1999)





Dans "La Fille sur le Pont", Patrice Leconte filme la passion à travers l'image du lancer de couteau. La passion c'est ce bonheur intense qui n'existe que dans le présent, qui rend aveugle et écorche. Avec un humour sérieux à la Blier et des dialogues vraiment excellents, Leconte pose une ambiance unique magnifiée par un noir et blanc pur et un jeu de lumière soigné.

Quant à Vanessa Paradis et Daniel Auteuil, ils se montrent plus que convaincants, l'une en nymphe déboussolée, l'autre en lanceur de couteau solitaire et amer.

Un bon film

Les Neiges du Kilimandjaro, Robert Guédiguian (2011)





LE meilleur film français depuis "Les Valseuses". Il n'y a pas de mot pour décrire cette perfection et cette pureté. Puissance émotionnelle, leçon de vie, Humanisme sans hache... A voir, revoir et apprendre par coeur.

samedi 7 avril 2012

Les Méduses, Shira Greffen / Etgar Keret (2007)




« Le Jour de son mariage, Keren se casse la jambe et doit renoncer à sa lune de miel. Une petite fille sortie de la mer change la vie de Batya, jeune femme à la dérive. Joy, une employée de maison en exil, réconcilie une vieille femme sévère et sa fille. »


Construit à la manière de « Short Cuts » ou de « Magnolia », « Les Méduses » fait évoluer parallèlement trois histoires qui s'entrecroisent par moment. Réalisée par le couple Shira Greffen / Etgar Keret, cette partition à quatre mains dépeint un univers tantôt naturaliste, tantôt onirique. Les personnages qui peuplent le film sont seuls et ne semblent pas trouver une place dans le monde qui les entoure.


Doté d'un scénario plutôt autobiographique, "Les méduses" trouve surtout sa qualité dans son esthétique, avec ces images pures et cette réalisation quasi minimaliste.


Même s'il est plutôt plaisant de voir un cinéma israélien relativement doux (sur la forme) qui ne traite pas du fameux conflit, on ressent un certain manque de rythme par moment sans que cela n'entache la qualité du film. L'affiche du film est cependant trompeuse, car elle exprime une dynamique (une femme courant après un enfant) que l'on ne retrouve pas, si ce n'est cette fuite vers un mieux.

"Les Méduses" reste toutefois à découvrir.



jeudi 5 avril 2012

Bellflower, Evan Glodell (2012)




Premier film prometteur d'Evan Glodell, "Bellflower" est un film à séquences, alternant douceur et violence, plans travaillés et scènes brutes, bestialité et émotion.

Tout au long du film, on suit deux amis perdus dans la vie, sans réel but, si ce n'est la confection d'une voiture apocalyptique. Puis une fille arrive dans la vie d'un des deux, et là tout bascule.

Comme un subtil mélange entre "Gran Torino" et " Boulevard de la Mort", "Bellflower" est un film unique et curieux. D'abord par sa réalisation, anarchique et imprévisible. Impossible de définir un vrai style tant les plans diffèrent les uns des autres. Certaines scènes sont volontairement gâchées, floues, comme un intermède laissant place à l'amateurisme, comme une volonté de décrire le côté dérisoire et désespéré de ces jeunes, comme une façon de mettre l'accent sur certains points.
Ensuite, il y a Evan Glodell, le réalisateur qui fait aussi l'acteur dans son film. Avec son physique à la Tom Cruise, le talent et la barbe en plus, il incarne plutôt bien ce jeune homme perdu tombant dans le piège de l'Amour.
Enfin, il y a les dix dernière minutes, où tout devient sérieux, où l'on réalise que toutes les maladresses antérieures ne sont finalement que des fautes voulues. Il s'y instaure une atmosphère pesante et oppressante. flash back, imagination, réalité, présent, futur, tout se mélange pour donner une sorte de feu d'artifice sobre, porté par une bande son monocorde.

Difficile de dire si "Bellflower" est un bon film. Evan Glodell joue avec sa caméra à l'épaule mais aussi avec le spectateur. On a l'impression qu'il se cherche, expérimente des techniques mais par moment il devient sérieux et cela devient vraiment très bon.

mardi 3 avril 2012

Panique à Needle Park, Jerry Schatzberg (1971)



Dans "Panique à Needle Park", Schatzberg se concentre sur un couple d'héroïnomanes, Helen et Bobby, éperdument amoureux l'un de l'autre. L'amour qui porte ce couple est ici le seul élément auquel on peut se rattacher. Les deux acolytes sont comme isolés, ne sont pas touchés par le temps qui passe, sauf quand il faut se procurer une nouvelle dose. Le film n'est porté pas aucune bande-son et revêt un aspect documentaire très poussé ( les scènes de piqûre sont très longues, en gros plan et quasiment insoutenables). Seuls les bruits agressifs ( Marteau-piqueur, circulation, klaxon,...) de la ville de New-York viennent apporter un fond sonore.

Un des points forts de ce film, c'est Al Pacino. Incarnant un jeune drogué un peu fou, il ne cesse de se déplacer de manière tonique et contraste avec la lenteur et la douceur de sa dulcinée Helen. Les scènes entre les deux acolytes sont par moment d'une très grande force et gardent toujours un côté un peu flou.

Apparemment " Panique à Needle Park" fût l'un des premiers films sur les dégâts la drogue, sur ces générations de hippies désespérés, sans grand espoir d'avenir. Il n'en reste pas moins un film à découvrir, pour son ambiance simplement glauque et pour le duo Bobby / Helen.


lundi 2 avril 2012

Il était une fois en Anatolie, Nuri Bilge Ceylan (2011)




Doté d'une esthétique quasi parfaite, « Il était une Fois en Anatolie » filme des paysages grandioses sur lesquels évoluent des âmes perdues, seules et isolées. La Nature, omniprésente dans la première partie du film, est tellement limpide que l'on se demande si le réalisateur n'a pas retravaillé ses plans avec l'aide d'un ordinateur( peut-être est-ce le cas?).


Mais ce qui est intéressant dans « Il était une Fois en Anatolie », c'est la simplicité trompeuse de ses personnages. L'intrigue policière, la recherche du cadavre, les dialogues... bref tout ce qui a trait à l'histoire n'est que secondaire et semble remplacer une bande son inexistante. Pourtant, ces dialogues sont primordiaux, car ils apportent une dimension absurde encore plus forte. Ceylan insiste beaucoup sur le regard et les émotions faciales de ses personnages, qu'il considère comme faisant partie intégrante du langage, cinématographiquement parlant. Dans son dernier film, le réalisateur magnifie le silence déraisonné du monde face à l'appel de l'Homme, l'interrogation interne des personnages est omniprésente, tout comme la peur.


L'humour est également inhérent au film et vient apporter un côté plus terre à terre à cette atmosphère en apesanteur. Sans forcément être récréatif, ce côté burlesque vient casser cette finesse aiguë imposée par la mise en scène, comme une sorte de transition humaine entre deux bouts d'éternité.


Globalement, « Il était une Fois en Anatolie » opère une lente plongée vers l'intérieur de l'Etre Humain. Au départ, la Nature s'impose par sa taille face à des hommes filmés souvent de loin et sur un pied d'égalité. Le procureur, un des personnages-clé du film avec le docteur, est très en retrait. On a du mal à déceler une forme de hiérarchie et seul le présumé coupable, malgré sa corpulence frêle et son apparence vulnérable, semble donner un sens à cette quête obscure et absurde. Puis la caméra se rapproche, l'histoire n'avance pas avec le Temps mais plutôt avec l'Espace. Au fur et à mesure que l'on se rapproche des deux personnages principaux, on semble pénétrer un peu plus ces intérieurs humains, tout en restant bloqués dans un questionnement prolifique sans fin, abstrait et empirique.


Ce qui est curieux dans le dernier film de Ceylan, c'est l'absence de femmes ou du moins leur présence au second plan. L'Anatolie filmée par le réalisateur ressemble un peu à la Grèce filmée par Angelopoulos, la terre remplaçant la mer. On y retrouve ces âmes perdues, qui ne semblent pas être à leur place, errant sans but, ne s'activant que pour les missions qu'on leur confient. Dans cette contrée désertique, on y ressent de l'ennui, du vide et très peu d'humanité. Les rapports entre les personnages sont froids et obscurs. Chaque visage manifeste une forme d'interrogation sur lui-même.


« Il était une Fois en Anatolie » est une fresque grandiose tantôt ennuyeuse, tantôt captivante. Ceylan filme de manière minimaliste des êtres humains en mouvement dans une Nature écrasante. Puis il filme un vide existentiel peuplé d'incertitudes plus ou moins concrètes, toujours de manière simple et naturelle. Et dans cette simplicité, la question « qu'est-ce qu'on fout là ?" trouve un peu plus de consistance... ou pas. A voir absolument!

dimanche 1 avril 2012

2h37, Murali K Thalluri, (2006)






Dans "2h37", on suit avec amertume quelques tranches de vie adolescentes imbriquées les unes dans les autres. Affirmation de soi, solitude, secrets inavouables, mensonges, préparation de l'avenir, primauté de l'apparence... tout est abordé dans "2h37" sous la forme d'un exercice de style. On pense d'abord à "Elephant", tant cette caméra interroge plus qu'elle n'informe. Mais Larry Clarke n'est pas très loin non plus quand Thalluri dépeint la cruauté de cet âge ingrat.

Si "Elephant" peut paraître ennuyeux, "2h37" se montre vivifiant et plus intimiste. Les quelques adolescents que l'on suit tout au long du film se confient à nous sous la forme d'interviews. Les différentes séquences du film sont montrées à travers le regard de chaque ado. De ces êtres fragiles en passe de devenir des adultes déterminés, il émane une extrême solitude, encore plus flagrante au milieu de cette foule de collégiens grouillante et anarchique.


Thalluri réalise ce film à l'âge de 22 ans, pour tenter d'oublier ou de comprendre le suicide d'une amie à lui. D'un point de vue technique, la réalisation est très intéressante car elle oscille habilement entre documentaire et fiction. On pourra certes reprocher un côté caricatural avec des problèmes clichés qui touchent les adolescents et des situations peu vraisemblables. Mais sans forcément pouvoir l'expliquer, "2h37" possède quelque chose, plus qu'une atmosphère, une sorte de blessure et de frustration qui se ressent jusqu'au moindre détail.

Romper Stomper, Geoffrey Wright (1992)





A mi-chemin entre "Orange Mécanique" et "American History X", "Romper Stomper" est un film bête et méchant, brutal et vide, simpliste et sans scénario. Bien que la première demi-heure soit plutôt réussie ( découverte des personnages, bastons dans un tunnel en clin-d'oeil à "Orange Mécanique", séquences filmées caméra à l'épaule,...), le film se montre ennuyeux quand il se met à conter une histoire d'amour niaise.

Quant aux acteurs, ils ne sont pas mauvais du tout, notamment Daniel Pollock ( qui s'est suicidé quelques temps avant la sortie du film) et Russell Crowe, assez convaincant en chef de bande néo-nazi.

Le film vaut quand même le coup d'oeil, ne serait-ce pour son début rythmé et réaliste.