Dans "2h37", on suit avec amertume quelques tranches de vie adolescentes imbriquées les unes dans les autres. Affirmation de soi, solitude, secrets inavouables, mensonges, préparation de l'avenir, primauté de l'apparence... tout est abordé dans "2h37" sous la forme d'un exercice de style. On pense d'abord à "Elephant", tant cette caméra interroge plus qu'elle n'informe. Mais Larry Clarke n'est pas très loin non plus quand Thalluri dépeint la cruauté de cet âge ingrat.
Si "Elephant" peut paraître ennuyeux, "2h37" se montre vivifiant et plus intimiste. Les quelques adolescents que l'on suit tout au long du film se confient à nous sous la forme d'interviews. Les différentes séquences du film sont montrées à travers le regard de chaque ado. De ces êtres fragiles en passe de devenir des adultes déterminés, il émane une extrême solitude, encore plus flagrante au milieu de cette foule de collégiens grouillante et anarchique.
Thalluri réalise ce film à l'âge de 22 ans, pour tenter d'oublier ou de comprendre le suicide d'une amie à lui. D'un point de vue technique, la réalisation est très intéressante car elle oscille habilement entre documentaire et fiction. On pourra certes reprocher un côté caricatural avec des problèmes clichés qui touchent les adolescents et des situations peu vraisemblables. Mais sans forcément pouvoir l'expliquer, "2h37" possède quelque chose, plus qu'une atmosphère, une sorte de blessure et de frustration qui se ressent jusqu'au moindre détail.
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