lundi 9 avril 2012

Les Neiges du Kilimandjaro, Robert Guédiguian (2011)





LE meilleur film français depuis "Les Valseuses". Il n'y a pas de mot pour décrire cette perfection et cette pureté. Puissance émotionnelle, leçon de vie, Humanisme sans hache... A voir, revoir et apprendre par coeur.

4 commentaires:

Chinaski a dit…

Les acteurs quelquefois jouent faux, le scénario est totalement invraisemblable (les victimes qui récupèrent les enfants du coupable, où sont-ils aller chercher cela ?), les personnages sont des clichés ambulants totalement manichéens (le fils abandonné qui s'occupe de ses frères...), le dénouement est ultra-prévisible, la bande-son souvent "too much". Bref, pas d'accord du tout avec vous sur ce coup là, grosse déception du coup...

ravachol a dit…

En effet, on n'est pas du tout d'accord...
Guédiguian n'a pas voulu faire une fable réaliste, elle est même utopiste et invraisemblable. Comme il l'a dit, il ne comprend plus les nouvelles générations ou du moins il constate qu'il y a une cassure avec la sienne.

Ce qu'il y a de fort dans "Les Neiges du Kilimandjaro" c'est cette humanité qui émane des personnages principaux. Te souviens-tu de la scène de départ à la retraite où les enfants chantent la chanson " Les Neiges du Kilimandjaro"? Je ne sais pourquoi mais j'ai été ému par cette scène ( encore mille fois plus sur Grand Ecran). Le couple Daroussin / Ascaride est touchant.

La scène du bar avec le serveur qui fait des cocktails sur mesure, j'ai trouvé ça excellent aussi.

Une des qualités du film aussi, c'est son optimisme. La jeunesse d'aujourd'hui ne croit plus en rien, plongée dans une crise ambiante. L'individualisme semble être la seule solution pour survivre. Que ce soit le coupable qui n'a pas d'autre moyen que de voler, que ce soit les enfants du couple Daroussin / Ascaride qui sont dépassés par le moindre souci, il y a une réelle fracture entre deux générations que quelques décennies séparent.

Le seul point où je serais un tout petit peu d'accord avec toi c'est sur le coupable. Je trouve qu'il ne dégage rien et manque de force, il n'est pas trop crédible dans son rôle.

Finalement je me rends compte que j'ai très peu d'arguments pour défendre ce film... pourtant je l'adore. J'ai vécu un grand moment de cinéma, au cinéma, puis l'ai adoré sur petit écran.
Ce qui m'a touché c'est cette humanité, qu'importe l'histoire et ses invraisemblances. Je l'ai plutôt vu comme une leçon de vie, simplement humaine. Dans tous ses films on retrouve cet engagement juste et sincère, à mille lieues du documentaire.

Chinaski a dit…

Sur le fond (du film aussi bien que de ton commentaire), je suis d'accord. Les sujets traités ne sont pas inintéressants, le tout part évidemment d'un bon sentiment et le but est de faire rejaillir cet humanisme dont je ne doute pas que Guédiguian soit pourvu.
Mais sur la forme, ce qui passait dans "Un conte de l'Estaque" (grâce à la distanciation induite par la mise en abyme) sombre dans une démonstration naïve et manquant d'intérêt. Mais ce n'est que mon avis.

ravachol a dit…

Dans ta dernière phrase il y a plein de mots qui me gênent.

"Démonstration": En aucun cas Guédiguian fait de son film une leçon de morale. Je dirais plutôt une leçon de vie, car il n'y a pas de manichéisme dans le scénario. Le réalisateur porte plutôt un regard et mise tout sur une atmosphère lyrico-optimiste. A la fin, il montre un exemple sans forcément dire que c'est La solution.

"Naïve": Naïf, Guédiguian ne l'est pas tant que ça, son film encore moins que lui, car les acteurs apportent en plus leurs parts de rêves lucides. La forme est rêvée tout autant que subie, idéalisée tout autant que lucide. Si elle est naïve, c'est voulu. La naïveté n'est pas forcément un défaut par moment, du moment qu'elle est choisie. Elle est un bon remède contre la dépression et permet de s'engager dans des combats qui sembleraient absurdes, s'il y avait lucidité.
Plutôt que de la naïveté, j'y vois plus un aveuglement lucide, un " je crois en ce que j'ai envie de voir" et parfois les idées, qu'elles soient portées à l'écran ou couchées sur des livres d'intellos, changent les situations ( enfin par pour tout le monde. J'en avais discuté avec un pseudo-journaliste qui m'avait dit " ce film m'a fait peur, il montre que l'on peut se faire attaquer par son propre voisin"... le gros con qui n'avait rien compris en somme)

Et une des forces de ce film, c'est ce mélange subtil de nostalgie et de rêve. C'est un peu un "il était une fois" qui se projette dans l'avenir.

"Intérêt": L'intérêt, à défaut de trouver une solution à la crise sociale, est de passer un bon moment de cinéma. C'est réussi pour ma part. Quand je suis sorti de la salle de cinéma, j'ai eu du mal à dire ce qui m'avait plu dans ce film, tout en sachant que je venais de vivre un grand moment de cinéma. Puis petit à petit, cette alchimie a fait naître pleins de petites phrases en moi. Le personnage de Daroussin m'a fait penser à une personne proche de moi, Ariane Ascaride également. Et mon opinion sur le film s'est vue illustrée par des images concrètes, propres à ma vie. "Les Neiges du Kilimandjaro" est au cinéma ce que Renaud est à la musique. J'y ai ressenti ce côté proche de moi, humain, interactif. J'aime quand le film continu à traîner dans ma tête pendant des semaines. J'aime être ému par un personnage qui me rappelle une vie réelle de mon quotidien.

Bref j'arrive toujours pas à être constructif pour défendre ce film... et encore moins objectif. Mais en même temps être objectif sur un film c'est ne pas l'aimer.