vendredi 18 novembre 2011

The Tree of Life, Terrence Malick (2011)



Dans son dernier film, le génie de l'esthétique cherche à résumer l'Universalité et nous offre un voyage visuel insolite. Lent par moment mais jamais ennuyeux, ce « 2011 odyssée de l'espèce » accumule les plans grandioses et déploie une fresque pittoresque sur la Matière.


Embrasser la voie de la Grâce ou celle de la Nature? Par essence la Grâce engendre le Bien, le respect d'Autrui et la tolérance. La Nature est cupide et conflictuelle, individualiste et carriériste.

Tiraillé entre l'intégrité et le bien-être, l'Homme trouve difficilement une voie grâcieuse ce qui fait naître en lui un sentiment de remords. En s'appuyant sur l'histoire de Job, Malick délivre un message profondément chrétien et foncièrement simple dans la notion: l'Amour avec un grand Tas d'alchimies humaines.


Mais finalement peu importe le message plus ou moins niais que veut nous faire passer le réalisateur de « La Balade Sauvage ». « The Tree of Life » contient deux histoires: une histoire horizontale, temporelle et évolutive; et une histoire verticale, éternelle et stoïque. Et c'est ce croisement d'histoires qui met le film en apesanteur. De l'ascenseur dans lequel se trouve Sean Penn à la reconstitution d'un au-delà, du Big-Bang à la naissance de la Vie, la caméra de Malick semble être un atome perdu dans l'échelle du Temps. Les acteurs deviennent peu à peu de la Matière et la dimension religieuse voulue par le réalisateur relève de la transcendance la plus mystique. On pense alors à Tarkovski tant cette atmosphère respire l'intemporel.


Difficile de critiquer un film comme celui-là tant on peut dire tout et n'importe quoi dessus. Il fascine plus qu'il n'inspire. Il fait partie des films que l'on vit, que l'on admire ou que l'on déteste, mais qui nous laisse sans mots.

dimanche 13 novembre 2011

The Artist, Michel Hazanavicius (2011)



Comme un « Sunset Boulevard » lifté à la française, « The Artist » s'impose royalement dans la description d'un cinéma muet qui pousse son dernier cri. Muet, c'est bien le mot qu'il faut employer, mais pour décrire le spectateur tant cette prouesse artistique nous laisse sans voix.


A mi-chemin entre l'Exercice de Style et la Comédie, « The Artist » est un film sur le Cinéma en général, sans prétention aucune et surtout très drôle. Faisant la part belle à Jean Dujardin (épatant), le film se présente comme une série de sketchs liés les uns aux autres et portant sur les différentes facettes du grand écran. Nul besoin d'avoir une Culture Béton en Cinéma pour apprécier ce James Bond de la caméra. Le réalisateur joue avec la Parole, visuelle ou auditive, et accumule les scènes réussies grâce à un Jean Dujardin de plus en plus convaincant au fil du film.


« The Artist », c'est un peu comme une gestation dans un ventre transparent durant laquelle on ne suivrait les évènements que par la vue, attendant sans impatience une sortie propice à la naissance du son. Car c'est à un véritable accouchement du cinéma parlant que l'on assiste, la scène sans son ni musique vers la fin du film étant la première inspiration du cinéma parlant qui s'apprête à plonger dans une cacophonie artistique maîtrisée.


Bref, « The Artist » est une réussite indéniable. Que ce soit la prouesse artistique de Jean Dujardin ou les clins d'œil de Michel Hazanavicius adressés au Cinéma, le film ne présente aucun défaut et aborde tout ce que le cinéma doit comporter pour pouvoir perdurer jusqu'à la fin des Temps, à savoir: l'acceptation de la modernité, le devoir de mémoire, le divertissement ou encore la recherche expérimentale.