dimanche 21 avril 2013

Le Zubial, Alexandre Jardin (1997)



Alexandre Jardin écrit de manière exaltée, sa prose est fraîche, dynamique et joviale. Dans "Le Zubial", il rend hommage à son père, personnage atypique et haut en couleurs.
Un grand-père collabo, un père faussement frivole, un oncle mystérieux,... la famille Jardin est une famille comme on a rarement l'occasion d'en voir. C'est un véritable théâtre au quotidien, les scènes loufoques et extravagantes se multiplient pour donner une biographie colorée qui marque le lecteur tenu en haleine de bout en bout.

Pascal Jardin est un omni-homme, il excelle dans tout et désire avant tout vivre l'instant présent qu'il considère comme l'essence même de la Vie. Ainsi, lors d'une balade en rase campagne, il s'arrête près d'une cabine téléphonique et signe un chèque en blanc qu'il glisse dans le bottin. De retour dans la voiture, il s'exclame : " Vite, profitons de la vie, si quelqu'un trouve ce chèque nous sommes ruinés !"

Il fait envoyer des fleurs quatre fois par jour à une prostituée pendant des mois pour que le concierge la prenne pour une princesse. Il rétrécit les murs du couloir pour que les huissiers ne puissent pas enlever les meubles, il organise des cambriolages mis en scène, comme les grand cambriolages d'antan...

En plus d'une succession d'évènements plus rocambolesques les uns que les autres, "Le Zubial" revêt un caractère psychologique, qui sera approfondi et complété dans un roman ultérieur intitulé " Le Roman des Jardin". Difficile de se construire en tant qu'enfant quand on se trouve confronté au monde adulte dès son plus jeune âge. Difficile d'accepter la Vie lorsque le principal acteur en sort. Tout au long de ce court roman, on ressent un manque cruel de la part de l'auteur et pourtant jamais l'on ne sombre dans le Pathos. La densité des phrases ou plutôt leur intensité vient retranscrire la force qui unissait Alexandre à son père. Un roman qui est difficile à refermer avant sa fin. A lire

Ejaculture ménopausée







Hier, on a volé mon Enfance au coin de la rue. Je l'ai retrouvée deux bières plus tard, un peu cabossée mais joviale. 


Chaque enfance est une naissance posthume, un souvenir qui se vit après l'avoir vécu. Tel un célibataire infidèle, l'enfant n'a pas d'âge et envisage ce qu'il veut sans pour autant le faire.

Pete arpente le chemin de la vie à reculons , tourne le dos à demain pour chercher un avenir passé. Que signifie le temps qui passe ? Pourquoi s'embêter à suivre un chemin tout tracé si à la fin il n'y a plus rien ? Restons ce que nous n'avons jamais été pour faire de soi un inconnu à explorer. La scoliose reste l'indice le plus tordant pour déceler un individu qui a fait le choix de perdre son identité foncière dans le but de trouver celle qu'il n'a pas pu avoir. Son corps prend l'apparence d'un point d'interrogation tout en prenant la forme d'un fœtus issu de l'Embryon Originel. Le Doute et la Vérité ne font plus qu'un pour donner naissance à une existence unique en fin de parcours.


Courir à reculons sur l'escalator de la vie et y croiser les gens normaux qui glissent sur leur non-vie. Dévaler les pentes de la Montagne Magique pour vomir la Vallée insipide et morose . Anéantir l'Homme sûr à grand coup de Surhomme pour mettre à mal ses certitudes. La Vérité est une chose qui s'invente, dans un microcosme suranné aux reflets de chair. Comme Tarkovski, il faut s'obstiner à arroser un arbre mort tous les jours pour nourrir l'inutile et se désillusionner de la fausse beauté de la Vie.


C'est un peu la magie de la Vie que de chercher l'animal grâce à la finesse. Quel est le but de l'Existence, si ce n'est cette recherche d'une clarté empirique, cette quête de l'entité limpide par le morcellement chaotique ?