Hier, on a volé mon Enfance au coin de
la rue. Je l'ai retrouvée deux bières plus tard, un peu cabossée
mais joviale.
Chaque enfance est une naissance
posthume, un souvenir qui se vit après l'avoir vécu. Tel un
célibataire infidèle, l'enfant n'a pas d'âge et envisage ce qu'il
veut sans pour autant le faire.
Pete arpente le chemin de la vie à
reculons , tourne le dos à demain pour chercher un avenir passé.
Que signifie le temps qui passe ? Pourquoi s'embêter à suivre
un chemin tout tracé si à la fin il n'y a plus rien ? Restons
ce que nous n'avons jamais été pour faire de soi un inconnu à
explorer. La scoliose reste l'indice le plus tordant pour déceler un
individu qui a fait le choix de perdre son identité foncière dans
le but de trouver celle qu'il n'a pas pu avoir. Son corps prend
l'apparence d'un point d'interrogation tout en prenant la forme d'un
fœtus issu de l'Embryon Originel. Le Doute et la Vérité ne font
plus qu'un pour donner naissance à une existence unique en fin de
parcours.
Courir à reculons sur l'escalator de
la vie et y croiser les gens normaux qui glissent sur leur non-vie.
Dévaler les pentes de la Montagne Magique pour vomir la Vallée
insipide et morose . Anéantir l'Homme sûr à grand coup de
Surhomme pour mettre à mal ses certitudes. La Vérité est une chose
qui s'invente, dans un microcosme suranné aux reflets de chair.
Comme Tarkovski, il faut s'obstiner à arroser un arbre mort tous les
jours pour nourrir l'inutile et se désillusionner de la fausse
beauté de la Vie.
C'est un peu la magie de la Vie que de
chercher l'animal grâce à la finesse. Quel est le but de
l'Existence, si ce n'est cette recherche d'une clarté empirique,
cette quête de l'entité limpide par le morcellement chaotique ?
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