lundi 4 avril 2011

La Lecture



Par définition, la lecture réside dans le déchiffrage visuel de signes graphiques traduisant le langage oral. Description barbare dites vous ? Pour faire simple, on peut dire que la lecture est l'observation de mots associés les uns aux autres et rythmés par une ponctuation (en réduisant cet acte à la seule littérature).


Le problème est là, l'objet livre et l'acte de lecture qui s'ensuit paraissent à part dans la typologie artistique. Sans apprentissage, on peut s'émerveiller devant une peinture, être ému par une musique, vibrer devant un film poignant, etc...

Pour lire, il faut savoir lire et donc la lecture nécessite un effort au préalable, quelle que soit la méthode utilisée, effort qui débouche sur un acquis non indispensable à la vie. On ne meurt pas si l'on ne sait pas lire. Ne pas voir, ne pas savoir parler ou être sourd, cela devient plus handicapant qu'être un simple illettré.


La lecture est l'exemple même de l'utilité de la Culture. Elle démontre l'effort obligé qu'il faut fournir pour s'extraire de sa condition animale. L'Homme pense, même sans Culture. Il se sait mortel, est conscient de sa déliquescence inéluctable, surtout sur le plan physique. La Culture c'est ce qui reste quand rien ne va plus, un néant cérébral qui ne cesse de s'enrichir et qui croise avec dédain sa chair en décrépitude.


La lecture, c'est partir à la recherche de soi, devenir de plus en plus exigeant quant au prochain texte que l'on va découvrir, se laisser simplement divertir, stimuler sa curiosité, s'informer.

Mais Lire, c'est aussi les prémices de la communication. Sartre disait dans « Les Mots » 'L'acte de Lire implique celui d'Écrire',ou l'inverse peut-être, va savoir...

Le plus difficile est de tomber sur le bon livre, celui qui créé l'intimité nécessaire pour donner l'envie de réitérer l'expérience. Mais, à l'instar du Cinéma, il faut également trouver sa voie littéraire afin d'orienter ses choix futurs de manière judicieuse et éviter la noyade culturelle.


Lorsque l'on a fait ce constat, que faire pour donner le goût de lire à quelqu'un ?

Lui présenter les livres que l'on aime en racontant ce qu'ils nous ont apporté à tous les niveaux, peut-être lui donner des exemples plus pragmatiques en les plaçant dans la vie de tous les jours. Mais transmettre le goùt de lire reste une chose qui n'est pas aisée. Regarder un film l'est davantage : on peut le regarder à plusieurs, discuter par moment si un passage est un peu long, puis le spectateur présente une passivité plus grande que le lecteur, de l'imagination littéraire on passe à la contemplation cinématographique, de la prose imagée au scénario spectaculaire, de la daube commerciale à la daube commerciale...

Sans évoquer son Utilité, la Lecture doit être appréhendée dès le plus jeune âge afin que l'objet livre fasse partie intégrante du quotidien, comme un outil de plus pour s'évader, comme une échappatoire au cycle animal du 'bouffer, pisser, chier, dormir'.


Enfin Lire c'est aussi le partage et la confrontation avec ses pairs. A travers un livre on s'observe, se construit, s'ennuie, on évoque le 'Moi', notez la majuscule. C'est 'Moi' qui lis, qui vis ou subis le livre, qui m'enrichis. Parfois c'est étrange, une lecture peut devenir jouissive lorsqu'elle se termine, l'Acte de Lecture serait également une jouissance à retardement, un souvenir qui prend matière dans le présent? Discuter d'un livre peut le rendre meilleur, après l'avoir vécu on le porte, on y ajoute son vécu, celui d'avant, du pendant et d'après la lecture. On se pose en critique, nos sentiments et nos opinions viennent gloser le récit. L'imagination, c'est comme les gènes, il n'y en a pas une pareille.


Lire est un acte indispensable à l'animal pour qu'il devienne Homme. Cependant être un lecteur assidu est un luxe culturel qui s'acquiert en accumulant une certaine motivation. Qu'elle soit narcissique ou passionnée, la Lecture apparaîtra finalement avec le temps sous son angle premier : l'épanouissement personnel et le plaisir de se détacher de son quotidien ou tout simplement d'y entrer. C'est un outil dérèglé qui prend un certain temps pour s'ajuster à notre Vie, ne notez pas la Majuscule.

Mais personne ne doit se forcer à lire. L'acte de lecture doit rester un outil lorsqu'il dépasse son côté utilitaire et primaire ( la communication avec autrui). 'La Littérature c'est écrire ce que l'on sait déjà' écrivait Françoise Sagan. Puisqu'il n'y a rien à savoir, autant que ça soit beau, moche, glauque, mais quelque chose de Beau, c'est le rôle de la littérature : amplifier la réalité.