dimanche 31 mars 2013

de la gerbe en binaire






Et c'est reparti, l'alcoolocation avec mon âme ne se passe pas comme prévu. Recroquevillé comme un fœtus, je pousse des hurlements liquides dans ce puits sans faim depuis bientôt une journée. Demain, il fera nuit. Dès mon réveil, j'irai me coucher pour tenter de récupérer le périssable qui viendra bientôt. La bête humaine que je suis demeure en circuit fermé, et ne peut qu'étaler ses aigreurs dans l'attente d'un assèchement de la source. Est-ce Thomas le responsable ? Peut-être que oui, car tout à l'heure je me souviens qu'il m'ouvrait grand les bras quand j'avais une bouteille à la main. J'ai été trop généreux avec lui, à le combler de cadeaux il me renvoie tout à la gueule, il devient mon ennemi au petit matin. « Vomi tard que jamais » comme il dit.

Un célèbre proverbe dit «  Si tu as un ennemi, ne cherche pas à te venger, assieds toi au bord de la rivière et attends, tu verras son cadavre passer ». Mais comment peut-on régler ce problème quand on est la source de ce propre fleuve ? Je ressemble à ces gargouilles qui ouvrent la gueule toute la journée, un filet d'eau sortant de la bouche en permanence. Mais j'aime la forme que prend ce tsunami lorsque je me mets à sourire, je me sens comme Moïse, ouvrant l'amer rouge d'un simple faciès moqueur.
C'est drôle l'envers du décor. On avale en homme et on vomit en animal.

Mais en même temps plus d'angoisse existentielle en période de dénutrition. Le trop-plein nous préoccupe bien plus que la peur du vide. On rêve d'un néant intérieur, on chasse toute chose qui peut avoir un sens.

Puis par moment ça se calme, et l'on se rend compte que les chiottes ont un visage, un mec plutôt cool avec une casquette géante, ouvrant une gueule pas possible. Je me dis que ce type doit être content de voir des têtes par moment mais le trouve en même temps un peu scato.

J'ai eu le jeu plus gros que le ventre, je démange, j'avale mes déboires, je dors comme la Loire, je crache le feu de mes trente ans, je rends le surplus de sociabilité que j'ai octroyé à moi-même. Artiste en gerbe, je peins l'inachevé tel un grapheur face au mur du dimanche matin. Puis quand j'en ai marre, je me sauve en courant. Il n'y a pas de raison, au collège c'est moi qui courait le plus vite de la classe. La gerbe ça ne doit pas courir très vite étant donné qu'elle se pointe toujours en fin de soirée, voire au petit matin. Mais non rien à faire, j'ai sûrement pas mal perdu depuis...

Au commencement était la gerbe.