lundi 24 novembre 2008

Job, zonard d'intérieur Partie 1


Il devait certainement être très tard lorsque Job s'éveilla. Sa tête lui faisait affreusement mal et une envie de gerber remontait du plus profond de ses entrailles. Il se demandait ce qu'il pouvait encore rester dans son ventre lorsqu'il découvrit les multiples tas d'excréments qui peuplaient son appartement. Pourtant il ne mangeait quasiment rien, il se nourrissait essentiellement de bière et de vin rouge et chaque réveil était pour lui un mystère. D'où sortaient tous ces aliments digérés qui venaient couvrir le sol dont il avait depuis longtemps oublier la couleur?
Dans cette déchetterie, la seule chose qu'il tentait de préserver était cette vieille photographie où on le voyait encore jeune entouré de sa famille. On pouvait y aperçevoir un sourire qui en disait long sur sa naïveté de l'époque. En réalité, il n'accordait aucune valeur à ce portrait mais il cherchait en vain depuis des années à comprendre pourquoi sa vie avait évoluée de cette manière là. Certes, il avait un visage relativement hideux qui l'amener à penser qu'il n'y avait pas que de l'humain en lui. Dans son enfance, ses "amis" le surnommaient "Le Chat" tant son faciès prenait les formes de cet animal inutile: oreilles en pointe, petites moustaches précoces en éventail et surtout de petits "MIAOU!" qu'il lançait pendant son sommeil d'après les dires de sa mère. Ce physique qui ne l'avantageait pas l'avait très vite écarté de toute vie sociale. Les quolibets des jeunes de son âge, les remarques désobligeantes des adultes et les filles qui lui tournaient le dos lui apprirent très vite à vivre seul de manière autonome.
C'est au moment de l'adolescence, âge où tout le monde se cherche, qu'il se trouvât enfin. Il comprit qu'il n'était pas fait pour vivre en société et se créa son univers à lui tout seul. Sa réclusion l'avait mené dans un premier temps à explorer toute forme de perversion à travers les écrits d'auteurs peu fréquentables. Il sentait un bien-être l'envahir au fil des lignes et se réjouissait de ces multiples tortures auxquelles s'adonnait cette Race Humaine devenue méprisable à ses yeux.
Cette orientation dura jusqu'à ses vingt-cinq ans, âge légal où l'on peut vivre de manière autonome (Cela le faisait d'ailleurs rire quand il pensait à son prénom, comme si ses parents lui avaient indiqué ,de manière ironique, la voie de l'oisiveté). En effet,cette période perverse commençait à le lasser, il ressentait le besoin de partager des choses avec ces sortes de bipèdes qu'il observait de temps en temps caché derrière sa fenêtre. Il décida donc de faire quelques virées nocturnes dans la rue pour les y rencontrer mais il ne pouvait sortir à jeun et envisagea tout d'abord de se familiariser avec l'alcool...

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