Adaptation à l’écran du très mystique roman de Döblin, « Berlin Alexanderplatz » se présente en treize parties et un épilogue. Fleuretant de manière intime avec le théâtre, cette épopée se concentre sur une sorte de « trinité » terrestre : au nom du désir, de l’honnêteté et du pardon. Pendant plus de 15 heures, le Grand et précoce Fassbinder dépeint un univers en voie d’extinction où l’Homme agit et réagit comme une bête. Très vite, on quitte l’identité, la spécificité et l’âme du Berlin des années 20 pour faire corps avec un lieu commun et intemporel, simplement en crise.
En suivant au plus près le cheminement tragique de Franz Biberkopf, ancien détenu qui a fait vœux d’honnêteté, le spectateur observe la misère d’un monde sur le déclin, dans lequel aucune solution viable et honnête n’a lieu d’être. Ces signes apocalyptiques se manifestent par une lumière qui clignote, hésite à s’éteindre de manière continue et agresse la bonté des personnages que l’on aimerait voir réussir ou du moins vivre normalement.
A cela s’ajoute une musique lancinante qui revient en boucle, traduisant la faiblesse culturelle redondante de ce bas monde mais non dénuée de beauté. Par ses mouvements de caméra, Fassbinder observe ce chaos sous tous ses angles. On plonge ainsi dans le corps meurtri de notre héros martyr, puis on observe comment les autres martyrs, ceux dont on ignore l’identité mais dont on connaît l’histoire, se comportent d’un point de vue extérieur. De même, toutes les couches de la société, mis à part les bourgeois qui ne paraissent exister que dans les discours des révolutionnaires, sont passées au peigne fin. On se heurte à la carapace malsaine du voyou Reinhold, on se noie dans l’océan de remords qui submerge Meck, le meilleur ami de Franz, ou encore on glisse sur le visage angélique de Mieze, sa fiancée. Nombreux sont les messages qui nous sont offerts à travers ce jeu de caméra sur la plastique des personnages.
Enfin, l’image semble faite de peinture, aucun trait n’est parfaitement net, comme si l’on avait écrasé toutes ces informations pour en faire ressortir l’essentiel. A ces couleurs qui accroissent les sentiments des personnages, en bien comme en mal, le réalisateur utilise des dégradés qui laissent apparaître un monde en équilibre capable du meilleur comme du pire, de se relever comme de sombrer dans un abysse sans fond. Cette particularité permet à Fassbinder de ne pas juger les hommes mais plutôt l’Homme ce qui nous amène à observer le bien et le mal sans aucun parti prit et aller plus loin dans une réflexion où la subjectivité serait apparue comme un frein.
Fassbinder filme également le désir, la fidélité et la place de la femme. Cette dernière apparaît sous toutes ses facettes. Meurtrie, aguichante, calculatrice, naïve, aimante, autant de profils présentés sous une forme toujours digne et esthétique. Tous les aspects plastiques des femmes de cette fiction s’apparentent à la préciosité, celle qui sera incarnée par Lili Marlene dans son film suivant. Le corps de la femme est une chose, son âme en est une autre. Franz accepte que ses femmes se prostituent, se fassent entretenir, du moment que les sentiments ne quittent pas le domicile conjugal.
De même, durant les 15 heures, on n’aperçoit aucun jeu de séduction, les affinités paraissent s’établir de manière spirituelle, dès le premier regard, à l’exception des femmes objets, convoitées uniquement pour leurs chairs.
Puis il y a cet épilogue, l’heure du Jugement Dernier pour Franz et ses pairs. Cet ultime épisode, contrairement à ses prédécesseurs, n’est pas annoncé par un générique. On se retrouve directement dans le purgatoire psychique de Franz. Dès les premières scènes, on se dit que Lynch n’a rien inventé, tant la dimension surréaliste et les décors crèvent l’écran. On assiste à la séparation entre l’âme et le corps de Franz, assimilé à Job de l’Ancien Testament. Bien que son corps semble rétabli, son âme reste malade, les souffrances qu’il a infligées et subies sont toujours présentes. Il porte toute la souffrance du monde en lui et la crucifixion comme pénitence semble être le seul moyen pour rendre viable son âme dans l’au-delà. Magnifique.
En suivant au plus près le cheminement tragique de Franz Biberkopf, ancien détenu qui a fait vœux d’honnêteté, le spectateur observe la misère d’un monde sur le déclin, dans lequel aucune solution viable et honnête n’a lieu d’être. Ces signes apocalyptiques se manifestent par une lumière qui clignote, hésite à s’éteindre de manière continue et agresse la bonté des personnages que l’on aimerait voir réussir ou du moins vivre normalement.
A cela s’ajoute une musique lancinante qui revient en boucle, traduisant la faiblesse culturelle redondante de ce bas monde mais non dénuée de beauté. Par ses mouvements de caméra, Fassbinder observe ce chaos sous tous ses angles. On plonge ainsi dans le corps meurtri de notre héros martyr, puis on observe comment les autres martyrs, ceux dont on ignore l’identité mais dont on connaît l’histoire, se comportent d’un point de vue extérieur. De même, toutes les couches de la société, mis à part les bourgeois qui ne paraissent exister que dans les discours des révolutionnaires, sont passées au peigne fin. On se heurte à la carapace malsaine du voyou Reinhold, on se noie dans l’océan de remords qui submerge Meck, le meilleur ami de Franz, ou encore on glisse sur le visage angélique de Mieze, sa fiancée. Nombreux sont les messages qui nous sont offerts à travers ce jeu de caméra sur la plastique des personnages.
Enfin, l’image semble faite de peinture, aucun trait n’est parfaitement net, comme si l’on avait écrasé toutes ces informations pour en faire ressortir l’essentiel. A ces couleurs qui accroissent les sentiments des personnages, en bien comme en mal, le réalisateur utilise des dégradés qui laissent apparaître un monde en équilibre capable du meilleur comme du pire, de se relever comme de sombrer dans un abysse sans fond. Cette particularité permet à Fassbinder de ne pas juger les hommes mais plutôt l’Homme ce qui nous amène à observer le bien et le mal sans aucun parti prit et aller plus loin dans une réflexion où la subjectivité serait apparue comme un frein.
Fassbinder filme également le désir, la fidélité et la place de la femme. Cette dernière apparaît sous toutes ses facettes. Meurtrie, aguichante, calculatrice, naïve, aimante, autant de profils présentés sous une forme toujours digne et esthétique. Tous les aspects plastiques des femmes de cette fiction s’apparentent à la préciosité, celle qui sera incarnée par Lili Marlene dans son film suivant. Le corps de la femme est une chose, son âme en est une autre. Franz accepte que ses femmes se prostituent, se fassent entretenir, du moment que les sentiments ne quittent pas le domicile conjugal.
De même, durant les 15 heures, on n’aperçoit aucun jeu de séduction, les affinités paraissent s’établir de manière spirituelle, dès le premier regard, à l’exception des femmes objets, convoitées uniquement pour leurs chairs.
Puis il y a cet épilogue, l’heure du Jugement Dernier pour Franz et ses pairs. Cet ultime épisode, contrairement à ses prédécesseurs, n’est pas annoncé par un générique. On se retrouve directement dans le purgatoire psychique de Franz. Dès les premières scènes, on se dit que Lynch n’a rien inventé, tant la dimension surréaliste et les décors crèvent l’écran. On assiste à la séparation entre l’âme et le corps de Franz, assimilé à Job de l’Ancien Testament. Bien que son corps semble rétabli, son âme reste malade, les souffrances qu’il a infligées et subies sont toujours présentes. Il porte toute la souffrance du monde en lui et la crucifixion comme pénitence semble être le seul moyen pour rendre viable son âme dans l’au-delà. Magnifique.
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