lundi 14 décembre 2015

Notre Dame n'a pas ri






Cela faisait maintenant une bonne demi-heure que Charles jouait au bilboquet avec la tête de Sarah, le sexe dressé, les mains derrière son crâne moite. Il gagnait à chaque fois. Faut dire qu'il n'avait pas grand chose à faire, le trou verbal de Sarah venait à chaque fois épouser la forme de son col roulé suintant de vie. Il avait une belle vue du haut de son corps. A chaque remontée de tête, Charles apercevait son sexe semblable à une langue tirée de manière suave...

Mais au fond vivait-il vraiment cet instant de plaisir ? Ne s'était-il pas surpris à penser à ses potes et à commenter intérieurement l'acte auquel il était en train de s'adonner ? Ne serait-il pas comme la plupart des Hommes qui n'ont jamais su aimer AIMER ?

Au final, Charles niquait avec ses potes sans le savoir. Il accumulait les aventures et ne réalisait pas encore qu'il était complètement manipulé par ses hormones, et que derrière un plaisir orgasmique de 10 secondes, il y avait tout un scénario à l'opposé de ce qu'il croyait. L'équilibre et l'estime de lui qu'il avait atteint le poussait à multiplier les conquêtes pour finalement ne vivre que pour ça.

A chaque confrontation avec la Gent féminine, il pensait à sa tétine encore enroulée dans la fausse pudeur d'un caleçon, semblable à un rideau de théâtre, qui allait s'abaisser pour conclure l'acte réfléchi et civilisationnel laissant place à une animalité révélatrice de sa personne profonde. Il fallait qu'il déverse son trop plein de vie dans un réceptacle fertile, c'est ce que les gènes lui avaient appris quand son Canon à Vie s'était armé de munitions quotidiennes. Finis les génocides dans les lavabos, les douches, les mouchoirs. Finis les créatures de rêves imaginaires qui ne résistaient pas longtemps à ses avances, si pitoyables qu'elles fussent. Il lui fallait du concret, du palpable, les vases communicants étaient devenus son emblème.

Mais avec les années, Charles était devenu un fin stratège de la séduction. Il aimait draguer et cherchait même par moment à plaire sans penser à concrétiser. Son animalité s'était transformée en Art et la Conquête n'était plus uniquement l'apanage de sa seule sexualité. Il entrait sans le savoir dans le véritable monde de la femelle. Il était devenu un psychologue chevronné et avait épousé progressivement la philosophie génétique de la femme.

Déceler une lueur de complicité dans l’œil féminin, rechercher un terreau fertile à l'osmose pour y déployer sa stratégie de prédateur sentimental, jouer la carte du détachement pour attirer par le mystère, Charles était complètement métamorphosé. Le beau gosse ridé était devenu un homme à femmes qui entreprenait de sédentariser sa sexualité. La qualité était devenu bien plus jouissive que la quantité. L'homme avait vaincu l'animal. Autrefois hyène qui sautait sur ses proies nuit et jour, il était devenu une créature nocturne qui ne révélait son animalité qu'après avoir accompli son rôle d'Homme.

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