mardi 24 mars 2009

Au-dessous du Volcan, John Huston (1984)


Exégèse du roman éponyme de Malcolm Lowry, « Au-dessous du Volcan » est incontestablement la meilleure adaptation cinématographique que je connaisse. Là où le roman apparaît complexe, déroutant, mystérieux et finalement ennuyeux, le film réussit à trouver un juste milieu entre accessibilité et fidélité sans sombrer dans la moindre vulgarisation.

Servi par un jeu d’acteur époustouflant, en particulier celui qui incarne le rôle exigeant du Consul, ce chef-d’œuvre revêt une légèreté trompeuse reléguant le Pathos au second degré afin de mieux l’amplifier. La pauvreté ambiante du Mexique, un réalisme proche de l’onirisme ainsi qu’un désespoir omniprésent, fondent quelque peu l’extrême souffrance du couple Geoffrey/ Yvonne dans le décor, à première vue. Pourtant, dès les retrouvailles des deux acolytes, on sent une démarcation, une souffrance extrême qui transcende tous les maux de la Terre. Séparés à jamais, les deux coeurs perdus sont filmés de manière intimiste par Huston d'où émane l’impossibilité d’une quelconque fusion, seule manière de faire rejaillir le feu du volcan à jamais éteint. Tout au long de ces deux heures, on assistera à des élans amoureux stériles subissant une désillusion de plus en plus tenace.

Contrairement au livre, Huston se focalise principalement sur le Consul et efface partiellement l’importance d’Yvonne, en tant que personnage. Rongé par la culpabilité, de plus en plus anéanti par son Amour qu’il regarde s’éloigner sans aucun espoir d’avenir, le Consul ne fait plus corps qu’avec sa bouteille afin « de retrouver un équilibre ». L’alcool le rend sobre, plutôt qu’une boisson, il s’agit là d’une nourriture, qu’il ingère de manière gloutonne et sans limites, ce qui est d’ailleurs magnifiquement filmé par Huston. Mais le Consul, c’est aussi cet être qui ne retrouvera plus jamais aucune réjouissance dans la vie. Nombreux sont les exemples, désespérément imagés, montrant qu’il n’existe plus, qu’il n’est plus qu’un spectre de lui-même.

Sans espoir, dénué de tout forme de fierté, mort avant de mourir, le Consul, à défaut d’avoir ravivé le feu de son volcan, meurt sous les coups de feu d’un pistolet, dans l’endroit le plus abject, après avoir voulu changer d’identité, comme si l’on pouvait échapper à son triste sort. Après « Gran Torino », certainement le meilleur film de l’histoire du cinéma…

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