jeudi 11 septembre 2008

Des Souris et des Hommes, John Steinbeck

Dès les premières pages de ce court "roman", on pense très vite à Boris Vian tellement le style est imprévu et cynique. Le récit est constitué de courtes phrases, pour la plupart sournoisement drôles, qui donnent une réelle force à l'oeuvre. En effet, comme Haneke (entre autres) le fait pour le cinéma, Steinbeck se contente de décrire l'action en cours et ne donne aucune explication au pourquoi du comment. Le lecteur est donc poussé à construire sa réflexion par lui-même et trouve paradoxalement une multitude de pistes à explorer.
Les personnages hauts en couleur, présentent tous une psychologie particulière mais paraîssent plongé dans une extrême solitude révélatrice de l'époque "Rooseveltienne" à laquelle écrit l'auteur. Georges et Lennie, les deux "héros" de l'histoire, sont semblables à des électrons libres en quête d'une situation stable et durable. Ayant pour projet de monter une ferme (sorte d'Eldorado dans le roman), ils travaillent de patelins en patelins afin d'y gagner l'argent nécessaire. L'innocence et la débilité de Lennie servent de prétexte à Georges pour justifier l'échec de sa vie et la fin du roman, plus abstraite que jamais, met un point final à tous les désirs de rêve qui pourraient encore hanter Georges.
Enfin, un des faits marquants du livre, c'est cette opposition entre la douceur et la violence. Le comportement de Lennie en est d'ailleurs très révélateur. Il aime tout ce qui est doux (les chiots, les lapins, les cheveux de femme, ...) mais ne peut s'empêcher de briser cette douceur involontairement. Malgré son âge adulte, il a gardé une âme d'enfant, et l'auteur a voulu ,à travers ce personnage, faire un rapprochement entre l'adulte et l'enfant en en montrant la continuité mais en en dénonçant l'incompatibilité. Il en est de même pour Candy, la femme de Curley, qui se retrouve plongé dans une extrême solitude et qui passe son temps à errer en regardant les hommes qui l'entoure. C'est elle qui sera à l'origine de l'assassinat de Lennie...
En somme, on peut dire que "Des Souris et des Hommes" est un roman très facile à lire mais vraiment complexe à interpréter car il impose un questionnement personnel. Ce roman traversera les siècles et aura toujours autant d'interprétations que de lecteurs. A lire

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