jeudi 25 septembre 2008

Good Morning Babylonia, Paolo & Vittorio Taviani (1987)

Nicola et Andrea, rénovateurs de monuments historiques, tentent d'aller gagner leur vie en Amérique, perçue comme lieu de réussite sociale en ce début de XXème siècle. Au bout de quelques jours déjà, c'est la désillusion et les deux frères enchaînent les travaux saisonniers les plus avilissants, jusqu'au jour où ils rencontrent le célèbre réalisateur Griffith, en plein tournage de son pamphlet pacifiste "Intolérance". Celui-ci, décide de les embaucher pour réaliser les décors de son film et les deux frères, par la même occasion, font la connaissance de deux figurantes...
Mélangeant allègrement le cinéma italien au cinéma américain, les frères Taviani immortalisent une époque: celle de l'Amérique à la veille de la Première Guerre Mondiale. Ne se limitant pas à la simple histoire de "deux Italiens en Amérique", "Good Morning Babylonia" analyse la mentalité ainsi que la composition hétéroclite de la population américaine. En plus de suivre le trajet de deux immigrants en quête de réussite sociale, on observe la façon dont les italiens sont perçus en Amérique. Et c'est d'ailleurs de ce sujet que traite une des scènes les plus réussies du film. Les deux frères, qui voient leur peuple se faire traiter de voleurs et de fainéants, répliquent en énonçant "qu'ils sont les fils des fils des fils de Michel-Ange et se demandent de quelles racines peut se revendiquer le peuple américain, terre d'opportunistes qui a effacé toute forme de culture ancestrale?"
Le film porte également en grande partie sur le milieu du cinéma, mais celui-ci est plus observé d'un point de vue extérieur. Dans un contexte conflictuel, on constate ainsi l'influence d'un cinéma pacifiste mais aussi ses limites qui sont souvent établies par l'usage de la force.
Enfin, la forme est très originale car elle mélange les styles. La musique ainsi que la façon dont est filmée la foule fait parfois penser aux premiers films de Fellini. Mais "Good Morning Babylonia" rajoute un côté plus intimiste, filmant les personnages de façon plus personnelle en évoquant leur blessures passées, tout cela de manière très artistique et poétique.
Un bon film.

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