mercredi 24 septembre 2008

Ordet, Dreyer (1955)

Chez Dreyer, l'ambiance est spéciale. Les personnages gardent la plupart du temps un visage stoïque et tout se passe dans le regard. Dans "La passion de Jeanne d'Arc", c'était le trop-plein de foi qui faisait défaut à la pucelle alors que dans "Ordet", un des sujets principaux serait le manque de foi ou du moins la recherche de la vraie foi. Les personnages ont tous un rapport à la foi différent. Le grand-père semble prier quand le besoin s'en fait sentir et paraît plus attirer par une Croyance que par un Dieu; Johannes, après avoir étudié la théologie est devenu fou et se prend pour Jésus en tentant d'apporter la Parole Divine, le pasteur explique tout par Dieu alors que le médecin croit aux miracles mais à ceux de la science... bref tous les cas de figures sont présents. Mais la fin, qui semble délivrer un message est réellement abstraite et l'on ne sait si celui-ci est porteur d'espoir ou au contraire défaitiste. Mais ce qui est réussit, c'est ce retournement de situation: ceux que l'on croyait être fous ne le sont pas et la vision du spectateur est totalement inversée. Rien que pour cette scène, ce film vaut le coup d'être vu. Il est assez rare qu'un réalisateur parvienne si bien à changer la vision du spectateur.
Un film un peu lent et froid mais qui a été source d'inspiration pour de nombreux cinéastes comme Bregman, Bresson ou Truffaut (qui a repris la scène du cerceuil dans son film "La Chambre Verte").

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