mardi 23 septembre 2008

L'Apiculteur, Angelopoulos (1986)

Un film très simple d'un point de vue esthétique mais qui atteint, lorsque l'on prend le temps de l'apprécier, des sommets de profondeur. La métaphore de l'apiculteur, ne parvenant pas à trouver un endroit propice pour ses abeilles, est très originale et transforme vite le film en road-movie. Cet apiculteur, c'est d'abord un homme détruit, qui tente de rattraper voire de reconstruire son passé cultivant parallèlement un côté obscur pour le spectateur. Mais l'on apprend aussi qu'il a connu de bons moments dans sa vie et notamment avec ses amis que l'on aperçoit dans la seule scène presque joyeuse du film. Angelopoulos, en filmant la solitude extrême de cet homme, et en y accolant une scène nostalgique avec ses amis, aurait-il voulu mettre l'accent sur l'importance de l'amitié dans une vie? Ou décrirait-il les passions violentes qu'engendre l'éclatement d'une famille? Il y a certainement un peu des deux dans ce film et le flou poétique dans lequel nous laisse le réalisateur nous permet d'en penser ce que l'on veut...
Il faut aussi noter la remarquable interprétation de Marcello Mastroianni, qui met de côté toute sa notoriété pour endosser le rôle d'un homme humble et solitaire malgré lui. Cela est tellement réussi que l'on a l'impression d'observer un acteur inconnu.
Enfin, on retrouve ce portrait d'une Grèce délavée, grise et enneigée, bien loin des clichés que l'on peut avoir sur ce pays. Cela annonce la couleur de son prochain film "Paysage dans le Brouillard", excellent lui aussi.

2 commentaires:

Chinaski a dit…

"L'apiculteur" se présente effectivement comme un road-movie d'une espèce un peu particulière dans une Grèce aux antipodes de celle que l'on connaît, une étendue brumeuse et humide. Je ne pense pas que le film soit simple d'un point de vue esthétique, d'une point de vue de la technique qui achève cet esthétisme en tout cas, je dirais plutôt épuré, mais ne jouons pas sur les mots. Le sentiment le plus marquant je trouve dans ce film, c'est la résignation du personnage principal, qui semble totale, et ne laisse entrevoir que très rarement qu'il est encore capable de "vivre". Quant à l'adolescente, face à l'ineptie de la vie, elle choisit finalement elle-aussi une forme autre de résignation, se laissant porter par la vie tout en ne contrôlant la plupart du temps pas la sienne.
La nostalgie bel et bien présente de la scène de l'apiculteur avec ses amis au bord de la mer m'a par contre paru comme l'une des plus tristes du film. De par cette nostalgie justement, du poids des années que l'on sent, de par la vie qui n'en est plus une de cet homme contraint à passer la majorité de son existence dans un lit d'hôpital, de par l'annonciation prémonitoire des malheurs sentimentaux et familiaux à venir (cette fille convoitée à la fois par les deux amis), de par la musique et la façon une nouvelle fois sublime qu'à Angelopoulos de filmer la mer.
Un très bon film.

ravachol a dit…

Oui c'est vrai que la scène de la plage est triste. Ce que je voulais dire c'est que par cette scène on apprend que l'Apiculteur a connu des moments où il était heureux. Et c'est le seul point qu'Angelopoulos évoque à ce sujet. Donc on peut en déduire la place primordiale qu'il accorde à l'amitié. Je me suis mal exprimer, j'en suis désolé. Je suis encore en cours de formation, ne m'en voulez pas Mr Chinaski ;)