A mi-chemin entre "Buena Vista Social Club" et un film de Tony Gatlif, "Cuba Feliz" suit la vie de Gallo,chanteur de rue, vagabond mélancolique, Messie musical qui nous entraîne à la rencontre des musiciens officieux de Cuba, plus touchants et talentueux les uns que les autres.
Un chapeau, un étui à guitare et un cigare sont les seuls attributs que ce petit être frêle transporte avec lui. Le reste s'appelle le Vécu, l'échange et le partage. On découvre alors le vrai visage de ce petit bout de terre que l'on nomme Cuba, minuscule île à l'Histoire mouvementée, peuplée par une population brassée au possible. A travers la Musique, religion officielle, on ne peut que tomber amoureux de ce peuple qui semble avoir sélectionné ce qu'il y a de mieux. Plus que la musique mexicaine, qui peut sembler assez fade et redondante par moment, le "style cubain" regroupe tous les courants musicaux, s'ouvrant même sur une sorte de rap tribal qui s'organise sous forme de battle. Vieux et jeunes se confrontent et entrent en osmose par le seul biais de la musique. Même si l'on ne comprend pas l'espagnol, il suffit d'observer les expressions des chanteurs et des musiciens pour en déceler les paroles.
Plus qu'un simple documentaire, "Cuba Feliz" est une leçon donnée au monde. De part la modestie de ses habitants, qui se contentent d'un rien du tout pour vivre et en semblent plus qu'heureux. De part la tolérance qu'il y règne où différence d'âge, couleur de peau et sexe ne sont que mieux accolés pour en faire naître un substrat des plus exquis. Enfin de part l'hommage qu'il rend à la musique en donnant la parole (chantée) à de vrais musiciens au coeur gros.